INSUFFISANCE HEPATIQUE AIGUË


A. Définition (selon Benhamou)

  f. V plasmatique encéphalopathie intervalle ictère-encéphalopathie
modérée 50-75 % -  
       
sévère < 50 % -  
       
fulminante < 50 % + 0-15 jours
       
subfulminante < 50 % + 15-90 jours


B. Conséquences cliniques
1) Diminution synthèse protéique
- hypoalbuminémie (par diminution de la synthèse hépatique) : ascite, œdèmes
- hypovolémie relative avec hyperaldostéronémie secondaire (hypokaliémie, alcalose)
- diminution des facteurs de coagulation avec risque hémorragique
2) Cholestase avec ictère
- aggravation des lésions hépatiques
- tendance aux saignements (par diminution de l'absorption de la vitamine K par carence en sels biliaires)
3) Hypertension portale
- ascite
- splénomégalie avec thrombopénie
- hémorroïdes, tête de méduse (veine périombilicale)
- varices œsophagienne avec risque de saignement
- entéropathie exsudative (perte d'albumine)
4) Encéphalopathie dite ammoniacale
- apathie, trous de mémoire, astérixis
- coma
5) Syndrome hépatorénal

C. Abord thérapeutique

1. recherche de l'étiologie (cf hépatite aiguë)

2. arrêt de tout toxique
notamment pour le foie, le cerveau (neurosédatifs, métoclopramide) et les reins (aminosides, diurétiques à haute dose)

3. administration éventuelle d'un cytoprotecteur hépatique
N-acétylcystéine (LysomucilR) en cas d'intoxication au paracétamol: 150 mg/kg p.o. ou i.v. initialement puis
40 à 70 mg/kg toutes les 4h pendant 24 à 72h

4. détection précoce et traitement des complications

a) complications hémodynamiques : syndrome hyperkinétique avec hypotension artérielle et débit cardiaque élevé
- optimalisation du remplissage
- cathécolamines : peu efficaces

b) encéphalopathie hépatique:confusion, troubles de la conscience, coma
- correction du facteur précipitant (hémorragie digestive, infections, médicaments, troubles ioniques, hypoglycémie,...)
- conventionnellement (efficacité non démontrée) : lactulose (30 ml p.o. toutes les 8h), néomycine (2 x 1g p.o. par jour), diète pauvre en protéines (<50g/j)
- en cas d'oedème cérébral avec HTIC (principale cause de mort) :
* éviter facteurs délétères (hypotension, hypercapnie, troubles ioniques,...)
* angle d'inclinaison de la tête : 20°
* hyperventilation : PaCO
2 = 25 à 35 mmHg
* osmothérapie par mannitol i.v. (0,3 à 0,5 g/kg toutes les 4h)
* pas de corticoïdes (inefficaces)

c) insuffisance rénale aiguë (syndrome hépatorénal)
- éviter tout médicament néphrotoxique (aminoglycosides) et toute diminution du FSR
- adaptation du remplissage vasculaire
- épuration extrarénale : précoce avec tampon aux bicarbonates

d) infections : staphylocoques, streptocoques, E. Coli, Candida
® antibiothérapie précoce

e) hypoglycémie : apport de 200 g de glucose par jour

f) troubles de coagulation : risque hémorragique faible sauf si associé à thrombopénie ou CIVD franche
- prévention des hémorragies digestives par sucralfate ou antiH2
- ne transfuser plasma frais (+ plaquettes) que si hémorragie ou geste invasif


5. discussion de la transplantation hépatique
seul traitement curatif, à réaliser en urgence (endéans les 24 à 72h)
critères de transplantation en France : confusion ou coma associé à un taux de facteur V < 20% (< 30% si âge > 30 ans) NB : un cancer non guéri est en principe un critère d'exclusion.